L’avenir des entreprises dépendra de leur capacité à collaborer, tant sur le plan interne qu’externe. Il devient crucial de partager les informations et les connaissances pour générer rapidement des solutions innovantes. Nathalie Verbinnen explique pourquoi elle y croit mais met également en garde contre les pièges.
Je suis particulièrement favorable à la ‘collaboration’ : la création d’une culture d’entreprise caractérisée par le partage à la fois interne et externe des informations et des connaissances afin de stimuler l’innovation et la créativité. La collaboration vous permet en outre de maintenir votre organisation et vos équipes à niveau, de motiver vos collaborateurs et de les encourager à poursuivre leur apprentissage.
Danger : être connecté partout et à tout moment !
La connexion avec d’autres personnes constitue une partie majeure de la collaboration. Je suis récemment tombée sur l’article ‘Culture is the Key to Work-Life Balance’ dans CIO Magazine. Dans cet article Sean O’Brien – EVP, Strategy & Communications chez PGi – donne sa vision de notre besoin de devoir rester connectés partout et à tout moment. La technologie sociale nous a en effet fourni les outils pour rester connectés. Mais, entretemps, nous avons évolué à un point tel que nous voulons rester informés à tout moment de ce qui se passe et nous avons tendance à réagir immédiatement.
Addiction aux stimulations hormonales
Cet article m’a conduit à réfléchir à la raison pour laquelle nous tombons systématiquement dans le panneau. Les ‘stimulations hormonales’ en sont la cause : l’envoi d’e-mails nous procure le sentiment d’avoir atteint quelque chose. Notre cerveau est récompensé par un afflux d’hormones. Le même phénomène intervient lorsque nous vérifions notre compte Twitter ou LinkedIn et découvrons une notification. Nous nous sentons connectés socialement et notre cerveau est récompensé par une stimulation hormonale.
Le besoin pressant de ce flux de nouvelles informations est stimulé à partir du système limbique (autrement dit la sensation de plaisir). Le moteur est donc plutôt hormonal (comme lors de la consommation de drogues) que lié au cortex préfrontal (qui détermine la planification, le processus de pensée supérieur…). La vérification du courrier électronique, de LinkedIn et de Twitter constitue donc une addiction pour vos neurones.
(Source : © Daniel J. Levitin. Extracted from The Organized Mind: Thinking Straight in the Age of Information Overload, published by Vikin)
Comment pouvez-vous éviter en tant que manager que cette connectivité devienne toxique pour la culture d’entreprise et pour l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ? Selon Sean O’Brien, les éléments-clés dans ce contexte sont : la culture d’entreprise relative à ces outils, le style de management et les attentes générées par les dirigeants.
Déconnectez !
Chaque changement de culture débute au niveau de la direction. Il est donc essentiel que vous donniez le bon exemple en votre qualité de manager et fassiez un effort pour déconnecter après le travail et pendant les vacances. Pour la majorité des professionnels, il y a peu d’activités traitées après les heures de travail qui ne peuvent attendre le lendemain.
Les vacances ne peuvent pas non plus devenir des ‘workations’ (work-vacations). Lorsque vous continuez d’’inonder’ les membres de l’équipe d’e-mails, de textes ou de tâches pendant vos vacances, vous créez un modèle d’anticipation au sein de la culture de votre entreprise. Vous transmettez ainsi le signal que le travail se poursuit partout et à tout moment. Soyons honnêtes, il ne s’agit plus vraiment de ‘collaboration’ au sens pur du terme. Vous allez plus loin encore, vous renforcez de cette manière au sein de l’équipe la perception selon laquelle les ‘workstations’ sont la norme. Et vous perturbez ainsi l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Pour vous-même et pour les membres de votre équipe.
Mon intention
“Collaboration tools are so powerful for building bridges. But it’s important to know that, just because the bridge is there, it doesn’t mean it always has to be crossed”, écrit Sean O’Brien.
En tant que manager, j’ai la responsabilité de développer l’esprit de collaboration comme faisant partie intégrante de la stratégie d’entreprise. Je suis le ‘learning activator’ des membres de mon équipe.
Par conséquent, la conclusion à l’issue de la lecture de cet article est simple : fournissez à vos collaborateurs la marge de manœuvre, les moyens et l’environnement pour que la ‘collaboration’ devienne une seconde nature. Mais méfiez-vous des pièges : le mieux est l’ennemi du bien ! Facilitez donc l’accès aux informations, mais ne partagez que les informations pertinentes. Créez un environnement au sein duquel les membres de l’équipe peuvent échanger des connaissances de manière aisée et spontanée et interagir entre eux. Ne submergez pas les membres de votre équipe sous une avalanche de liens, d’articles et de tweets. Et ne créez pas un environnement qui incite les membres de l’équipe à réagir aux impulsions partout et à tout moment. Veillez à assurer un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée, pour vous-même et vos collaborateurs. J’appliquerai désormais ce judicieux conseil.
Et vous ?
Comment abordez-vous la question ? Quelles sont vos idées en matière de collaboration ? Quels sont vos conseils pour créer une culture de partage des connaissances et de collaboration au sein de votre entreprise et assurer simultanément l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ?