5 leçons à retenir pour le contrôleur de gestion

« The CFO is nót the surrogate of the CEO! », a souligné le président du jour, Peter Manet, dans son discours de conclusion de la « Journée du Contrôleur de gestion ». Wim Van den Bossche, conférencier invité, ainsi que les participants ont acquiescé. Mais alors, qu’est-ce qu’un contrôleur de gestion ? La question exige une réponse extrêmement vaste et approfondie.

Confiance aveugle

Wim Van den Bossche, CEO de Pro Group Holding, a prononcé le discours d’ouverture. Il s’est adressé aux contrôleurs de gestion présents en ces mots : « Quelles sont les attentes de la direction (c’est-à-dire votre client) vis-à-vis de vous ? »

Et quand Peter lui soumet une citation, Wim réagit sans équivoque : « Il faut une zone de tension. Je n’ai aucunement besoin d’un contrôleur de gestion ou d’un CFO qui imite mon comportement. Un contrôleur de gestion doit être fort et solide, il doit oser aller dans le sens opposé. Et nous devons pouvoir lui faire confiance. Aveuglément ! Sa précision doit être incontestable, il doit également incarner certaines valeurs, à la fois au niveau personnel et au niveau de l’entreprise. Je le dis parfois sur le ton de la plaisanterie, mais c’est pourtant la vérité : « Seuls les experts-comptables peuvent sauver le monde ! »

Le contrôleur de gestion doit aussi être attentif à des éléments qui ne sont pas immédiatement chiffrables, mais qui peuvent avoir un impact sur les résultats de l’entreprise. L’esprit d’innovation par exemple, la culture d’entreprise et, last but not least : la volonté de tous les collaborateurs de contribuer à bâtir quelque chose de beau… Tous ces éléments, difficilement exprimables en centimes, ont pourtant une valeur inestimable.

Une (r)évolution financière ?

La « Journée du Contrôleur de gestion » fut également l’occasion de s’intéresser à la fonction et à celui qui l’assume. Qui sont les contrôleurs de gestion et de quoi doivent-ils tenir compte aujourd’hui plus que jamais ?

Cela n’étonnera personne : aujourd’hui tout tourne autour de l’évolution numérique. Car dans le monde virtuel aussi, on peut faire des affaires. L’e-commerce n’est d’ailleurs que la pointe de l’iceberg. En tant qu’expert financier, le contrôleur de gestion doit tenir compte de l’apparition des monnaies virtuelles, les devises en ligne comme le Bitcoin, de plus en plus connu. L’argent abstrait, selon Sam Wouters, conférencier invité, est encore assez volatile mais il a déjà une véritable valeur et est de plus en plus utilisé dans les transactions professionnelles. Le Bitcoin représente actuellement 160 millions de transactions dans le monde, pour une valeur de 12 milliards de dollars US. 160.000 entreprises l’acceptent comme moyen de paiement. Une (r-?)évolution dont il faut désormais clairement tenir compte.

En dépit de l’amertume de grandes banques comme Goldman-Sachs (« Le Bitcoin va tout bousculer »), on constate que dans le monde entier, ce sont surtout les institutions financières qui investissent dans le Bitcoin. Et dans la Blockchain, le système comptable sur lequel repose la monnaie Bitcoin et les transactions dans cette devise. Rien d’étonnant quand on y pense… Ces systèmes d’argent électronique permettent d’effectuer des transferts dans le monde entier pratiquement sans frais, rapidement et en toute sécurité. Ce qui, vu les murs de dispositions et règlements dressés par les banques et pouvoirs publics, n’est pratiquement plus possible avec les valeurs et systèmes traditionnels.

Le Bitcoin pour tout le monde !

Allons-nous donc tous investir massivement dans les Bitcoins ? Selon An, contrôleur de gestion chez Telenet, on n’en est pas encore là. « Cela me semble encore trop tôt. Bien que ce thème soit actuel, dans le monde de l’entreprise, la monnaie virtuelle est encore loin d’être une réalité. Nous n’en savons pas encore assez sur le sujet. Cela semble positif et la présentation d’aujourd’hui est très intéressante… Mais beaucoup de questions restent en suspens. Trop de questions pour pouvoir parler dès à présent d’une véritable révolution en cours. Au fil du temps, nous verrons si (et comment) le Bitcoin gagne une place respectable dans toutes les transactions professionnelles. »

Mais que se passera-t-il si, dès demain, le client fait pencher la balance en faveur du Bitcoin ? Si le consommateur ne fait plus confiance aux banques et aux valeurs classiques et s’il souhaite payer massivement avec cette nouvelle cryptodevise ? « C’est justement pour cette raison que nous sommes ici », confirme Yves, contrôleur de gestion pour la chaîne de supermarchés Lidl. « Que se passe-t-il dans le monde qui nous entoure ? C’est la question qui doit nous préoccuper, en tant qu’entreprise et en tant que contrôleur de gestion. Vous voyez, nous suivons le client. C’est la seule certitude. Et c’est exactement pour cela que nous ne devons pas fermer les yeux sur la réalité. Nous n’aurions que de mauvaises surprises… »

Clarté en matière de leasings

Revenons quelques instants à l’argent ‘traditionnel’. Fouad Elouch résume succinctement les principaux changements apportés aux normes internationales d’information financière (IFRS). Il ne faut pas s’attendre à d’énormes évolutions à court terme. Mais des modifications importantes seront apportées aux IFRS 9 et 15 à partir de 2018 et à l’IFRS 16 à partir du 1er janvier 2019. Cette dernière remplace les normes d’il y a trente ans et prévoit notamment que les contrats de location figureront dans les dettes du bilan.

Selon l’International Accounting Standards Board (IASB), avec l’ancienne norme relative aux contrats de location, les investisseurs et d’autres parties manquaient de visibilité sur les engagements de location, principalement dans l’industrie aéronautique, le secteur du détail et le secteur des transports.

Les entreprises qui établissent des rapports selon les normes IFRS ont, selon les estimations, des leasings en cours pour un montant de 3,3 milliards de dollars. Actuellement, 85 % de ce montant ne figure donc pas au bilan. Les contrats de location sont soit des ‘leasings financiers’ (qui figurent au bilan), soit des ‘leasings opérationnels’, qui figurent uniquement dans les notes jointes aux documents financiers. Cette distinction gagnera en importance dans les rapports et la comptabilité de demain. L’amélioration de la norme devrait également permettre d’y voir plus clair. Et ce sera la fin des conjectures qui interviennent souvent lorsqu’il s’agit de calculer les engagements de location d’une entreprise…

Pour Evelien, contrôleur de gestion chez Delaware Consulting, cette séance est avant tout enrichissante : « Que devons-nous dire à nos clients ?! Ils nous posent souvent ce type de questions. Être bien informé de la réalité financière et comptable est donc indispensable pour nous. » Koen, head of controlling chez Argenta, le confirme également. Et d’ajouter : « C’est toujours passionnant de voir à quel point, à première vue, toute une série d’aspects comptables ne changent pratiquement pas alors qu’en même temps, ils peuvent faire toute la différence au niveau des pertes et profits. Pour nous, en tant qu’organisme financier, ce sont surtout les changements apportés à l’IFRS 9 qui auront un impact. Je suis donc heureux de pouvoir assister à cette séance aujourd’hui. »

« Les départements Sales & Marketing sont globalement aveugles… »

… cette affirmation provocante est celle de Sven Arnouts. Tous les regards se tournent vers lui. Les spécialistes en marketing doivent pourtant collaborer avec le contrôleur de gestion sur un point : celui de l’analyse des clients, le ‘sentier lumineux’ qui doit mener à des clients véritablement rentables. Aujourd’hui encore, c’est là que le bât blesse : le département Vente, qui s’intéresse principalement à son taux de conversion, voit en chaque client un bon client. Mais est-ce toujours le cas ? Quant au Marketing, il se repose encore trop sur son planning annuel, sans chercher à lancer la bonne campagne au bon moment ni à bien cibler son public. Ces éléments dépendent beaucoup des circonstances et seule une analyse correcte des données permet d’y voir vraiment clair. Et c’est ici que le contrôleur de gestion, spécialiste des données objectives, peut – non, doit – faire la différence.

Une tâche passionnante, et surtout riche en défis, selon Ellen, contrôleur de gestion chez ANL Plastics. « C’est une bonne chose d’analyser le fossé qui sépare le marketing de la finance. En fait, il ne devrait pas y en avoir, car finalement nous servons tous les mêmes intérêts… Nous avons simplement une vision légèrement différente. » Le contrôleur de gestion serait-il alors une sorte de pont entre les deux départements ? Oui mais, précise Ellen : « il n’est pas le seul ! Ce rôle de pont doit être assumé de façon plus générale ».

Jennifer, de D&B Dun Brandstreet, renchérit : « Comprendre comment les idées peuvent mener à l’inspiration est vraiment captivant. Et voir que petit à petit, le contrôleur de gestion devient un chef de file, dans le sens où l’on nous attribue un rôle d’accompagnateur. Il faut bien admettre que nous devons parfois véritablement prendre quelqu’un par la main… », précise-t-elle en riant.

1, 2, 3 … exécution !

Les bonnes idées sont sur la table, conclut Peter Manet à la fin de la journée, mais le temps est venu de les mettre en œuvre. Et il précise encore : « En tant que contrôleur de gestion, vous devez oser tenir compte du marché – mais sans pour autant changer votre état d’esprit. Continuez à vous appuyer sur votre force, soyez l’expert financier que l’on vous demande d’être. Accordez suffisamment d’importance à votre communication et vous parviendrez à transmettre le fond de votre message. Et surtout, ne ratez pas le train de la numérisation ! »

Des recommandations que Cardon, contrôleur de gestion chez Brenntag NV, ne peut que confirmer. « Au sein de l’entreprise, la perception du rôle du contrôleur de gestion est particulièrement importante. Si votre communication n’est pas bonne, vous serez très vite celui qui dérange… Enfin, je pense que mes collègues et moi avons un devoir essentiel : celui de bien connaître notre métier. Si vous êtes un véritable expert, le reste suit naturellement. »

Et à en juger par les nombreuses réactions, nous pouvons conclure que la formation y contribue pour une part importante…

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Filip Janssens possède un master en Sociologie (UA) et un master complémentaire en sciences maritimes (UA). Journaliste freelance, il a travaillé pour Het Nieuwsblad, De Tijd et Gazet Van Antwerpen, ainsi que pour plusieurs magazines culturels. Pour Kluwer Formations, il rédige des newsletters, articles de blog et textes de formation notamment pour le Club Fiscal. Il a également contribué à la publication de certains ouvrages tels que « Procedure Inkomensbelastingen » (2010) et « KMO & bedrijfsleider: fiscale bondgenoten! » (2011). 

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NCOI Learning : une équipe d’experts qui apporte aux entreprises et aux professionnels de l’inspiration en apprentissage et développement.

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