Expérimenter et impliquer le participant, le secret d’un apprentissage efficace

À mesure que les jours m’éloignent de Las Vegas et de l’ASTD Techknowledge Conference, l’éternel présentateur qui est en moi tente d’en identifier le message et d’en extraire la substantifique moelle.

La réponse à laquelle je suis parvenu aujourd’hui est la suivante : quiconque souhaite garantir l’efficacité de l’apprentissage doit oser expérimenter et adopter de nouvelles approches, mais aussi impliquer l’apprenant dans ce processus.

L’expérimentation ouvre la porte de l’innovation et même des véritables connaissances

Dans son discours inaugural à TK14, Jeff Dyer nous laissait entendre que l’un des secrets de l’innovation n’était autre que l’expérimentation. Nous devons donc essayer de nouvelles choses si nous souhaitons obtenir de nouveaux résultats. Si, comme l’expliquait Donald H Taylor à Bruxelles en octobre dernier, « l’objectif de l’apprentissage est de faire preuve de suffisamment de flexibilité de façon à pouvoir s’adapter à un environnement en perpétuel changement », nous devons arrêter de tenter de résoudre les problèmes que nous rencontrons en recourant à l’une ou l’autre formation traditionnelle, et adopter un approche différente. Il nous faut recourir à des questions ouvertes et à la pensée associative afin de formuler des hypothèses quant aux causes potentiels de ces problèmes et d’envisager des solutions. Il nous restera alors à mettre au point de nouvelles expériences en matière d’apprentissage en vue de vérifier la validité de ces hypothèses et parvenir ainsi à de véritables résultats. Cette approche de la gestion des problèmes est une composante essentielle de n’importe quel processus scientifique ou méthode de recherche. Cependant, l’apprentissage n’est que rarement considéré comme un domaine relevant de la science et de la recherche.

D’après Rueben Tozman, nous devons commencer par considérer notre secteur et ses activités de la même manière que nos clients… et concevoir ensuite des modèles de données qui établissent des liens entre le comportement, les processus et les initiatives en matière d’apprentissage, d’une part, et les résultats de fond, d’autre part. Sur la base de ces modèles, nous pouvons lancer de nouveaux projets d’apprentissage de manière à évaluer précisément la situation et à l’améliorer. Trop souvent, nos efforts en matière d’apprentissage et de développement – surtout en ce qui concerne la formation – ne font ou ne peuvent faire l’objet d’aucune mesure. Dans le meilleur des cas, nous savons de quelle manière les participants ont réagi à la formation. Hélas, nous ne sommes jamais capables d’affirmer que le problème de performance X découle des facteurs A, B ou C, ou encore que les résultats des initiatives 1, 2 ou 3 ont été bel et bien mesurés et permettent donc de conclure que les problèmes AB ou C peuvent être résolus de telle ou telle manière. Tandis que l’on fait ailleurs le point sur presque n’importe quel sujet, le domaine de l’apprentissage avance quant à lui d’un pas hésitant et repose sur l’espoir et la confiance.

Heureusement, la situation est en train d’évoluer en ce qui concerne les mesures de l’apprentissage. Le traditionnel système de gestion de l’apprentissage et ses statistiques participants/ formations  feront prochainement place à des systèmes avancés d’enregistrement des résultats. Nous utiliserons pour ce faire des interfaces de programmation expérimentaux comme Tin Can, capables d’associer pour ainsi dire n’importe quelle activité d’apprentissage ou d’optimisation des performances à un modèle de données fournissant de véritables informations de fond aux professionnels du L&D.

Ma première conclusion est donc la suivante : identifiez le moteur de vos activités, soyez ouvert aux nouveautés et sachez mettre au point des expériences basées sur les données afin d’évaluer l’efficacité de l’apprentissage et d’améliorer véritablement les résultats.

Besoin d’innover ? Pensez « implication »

À l’instar des conférences consacrées à la technologie, TK14 s’est concentré sur les nouvelles approches de l’apprentissage. Qu’il s’agisse d’outils et de stratégies d’amélioration relativement simples passant par l’utilisation de codes QR pour la formation, par le lancement d’initiatives d’apprentissage par vidéo et par le recours aux médias sociaux pour l’apprentissage officiel, du storytelling transmédia, de stratégies d’apprentissage plus spécifiques basées sur le MOOC ou de tentatives de ludifier ce processus, le maître mot était l’implication.

Amy Jo Martin a inauguré la 2e journée de TK14 avec un message sur l’implication et le sentiment : « Les gens s’intéressent à vous non pas pour ce que vous faites, mais à cause des raisons qui vous poussent à le faire ». * Extrapolant son raisonnement, j’ai réfléchi aux raisons pour lesquelles les apprenants se tournent vers d’autres apprenants, vers de nouveaux outils ou vers des programmes officiels bien précis. Et voici ma conclusion : parce qu’ils souhaitent s’améliorer, trouver des solutions et exceller dans tel ou tel domaine, mais aussi parce qu’ils adorent ça. Quels que soient les efforts que nous déployons, nous devons alimenter cette envie fondamentale de jouer un rôle actif.

* Cette semaine, la London Learning Technologies Conference a été inaugurée par Brian Solis, célèbre pour son message concernant « l’empathie, le secret de l’implication » et l’importance de l’expérience utilisateur.

Jane Bozarth et Mark Oehlert ont par ailleurs expliqué que les communautés d’apprentissage existent partout et que notre mission n’est pas de convaincre les autres de leur valeur, mais de leur faire comprendre l’intérêt d’officialiser les activités de ces communautés sur le lieu de travail, en recourant pour ce faire à des plateformes spécifiques  (comme Yammer ou LinkedIn) et des outils permettant de parler de l’apprentissage et de partager des informations de manière plus ouverte. Si nous décidons de commencer petit, de voir grand et d’agir vite (Oehlert – vidéo), nous serons en mesure de lancer et de développer des activités impliquant les communautés et de faire circuler une foule d’informations susceptibles d’offrir une véritable valeur ajoutée à l’organisation.

S’il y a bien une chose qui a retenu mon attention (au point de m’en faire perdre le sommeil), c’est l’intervention de Chad Udell, consacrée aux possibilités aussi nombreuses qu’incroyables du téléphone mobile. Je dois avouer que lors de mon arrivée à Las Vegas, j’étais loin d’être persuadé du potentiel de l’apprentissage mobile. Il ne s’agissait pour moi que d’une nouvelle manière de nous asséner encore plus d’e-learning. Bref, encore plus de contenus soporifiques, mais sur petit écran. Ce qui ne m’a pas empêché de repartir avec un avis différent. Je suis désormais convaincu que la passion croissante des utilisateurs pour cet appareil de plus en plus sophistiqué offre de véritables opportunités d’impliquer les apprenants et d’optimiser l’efficacité de l’apprentissage. J’attends donc avec impatience la révolution mobile.

Qu’ai-je donc manqué au congrès TK14 sur l’implication ? La réalité augmentée. Je mène actuellement mes propres expériences avec Aurasma (formations, exercices d’orientation et essais dans le cadre de l’intégration des nouveaux travailleurs). Je sais que David Kelly a fait part de l’expérience qu’il a menée avec Google Glass lors de LT14uk. Je suis certain qu’à l’avenir, ce genre d’outils nous permettra d’aider l’apprenant à acquérir davantage de connaissances et de compétences et à améliorer ses performances. Croisons les doigts pour ASTD ICE 2014 en mai prochain.

Quoi qu’il en soit, ma seconde conclusion est on ne peut plus simple : nous devons trouver de meilleures manières de faire de l’apprentissage une expérience agréable, naturelle et efficace.

Expérimenter et impliquer l’apprenant : tel est le message que je retiendrai du congrès ASTD TK14.

Lisez tous nos reportages sur ASTD TechKnowledge 2014 

Auteur

Dan steer est formateur indépendant chez Kluwer et Learning & Dévelopment Consultant. Dan est un pro de Infinite Learning© et passionné de tout ce qui a trait aux dernières technologies : SoMe, SoLearn, Web 2.0.

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