Le service public en quête d’une culture d’apprentissage

Que ce soit dans le secteur privé ou dans la fonction publique, la fréquence des formations et le nombre de collaborateurs qui les suivent sont similaires, comme l’indique le Kluwer Learning Indicator. Il existe pourtant quelques différences…

Huit par an : c’est le nombre de jours de formation auxquels participent environ 85 % des collaborateurs, tant dans la fonction publique que dans le secteur privé. Des univers parallèles ? Pas tout à fait. Les modes d’apprentissage sont moins homogènes.

Les fonctionnaires participent plus à des journées d’étude, congrès et événements
(55,2 % public vs. 44,9 % privé) et apprennent davantage de leurs collègues
(41,1 % vs. 35,8 %). Dans le privé, l’apprentissage via les réseaux sociaux
(8,1 % vs. 5,2 %) et l’e-learning (15,6 % vs. 8,4 %) sont plus répandus.

Combinaison

Selon Sandra Schillemans, directeur général de l’Institut de Formation de l’Administration fédérale (IFA), ces chiffres reflètent fidèlement la réalité. Le fait que l’e-learning remporte moins de succès dans la fonction publique ne la surprend pas. « L’IFA ne propose pas cette forme d’apprentissage à l’état pur. Nous optons toujours pour le blended learning : apprentissage classique et e-learning combinés. » Pourquoi ? « Nous ne croyons pas en l’e-learning seul. Dans la pratique, on constate que les gens ont plus tendance à décrocher. »

Outre le blended learning, Sandra Schillemans relève des tendances comme l’apprentissage en réseau, l’apprentissage autopiloté et le peer coaching. « On suit de plus en plus cette direction, même si c’est souvent encore à petite échelle. Le coaching est ainsi très présent dans les formations de leaderschip. »

Résistance

Les résultats du Kluwer Learning Indicator révèlent une volonté d’apprentissage : neuf fonctionnaires sur dix sont motivés à se former. Les plus grands freins que l’IFA rencontre dans la stimulation de l’apprentissage n’émanent pas des collaborateurs, mais bien de la hiérarchie au sein de l’administration. « Elle fait souvent preuve d’une certaine résistance : Le personnel a-t-il le temps ?, Peut-on apprendre au bureau ?, etc. Il faut encore travailler sur la culture d’apprentissage, même si je dois admettre que les choses bougent. »

Faut-il en déduire que l’on est prêt à mettre la main à la poche pour se former ? Selon les chiffres dont Kluwer dispose, c’est le cas de trois quarts des collaborateurs du secteur privé, contre deux tiers des fonctionnaires. Sandra Schillemans : « Je constate en tout cas une forte recrudescence de la demande de formation ces dernières années. Les gens recherchent même des solutions ‘externes’. »

Surestimation

En cause :  le mode d’évaluation de la fonction publique, selon Sandra Schillemans : les prestations ne sont pas les seuls critères pris en compte ; le développement des collaborateurs intervient lui aussi. « Cela stimule l’apprentissage. »

L’enquête indique enfin que les formations ‘en classe’ restent une valeur sûre, tant dans le public que dans le privé, que ce soit en termes d’offre, de préférence ou de perception de l’apprentissage. « Cette forme d’apprentissage me semble néanmoins surestimée. Ce n’est pas parce que l’on se trouve dans une classe que l’on apprend. De nouvelles formes d’apprentissage peuvent être tout aussi instructives, voire même plus. La différence, c’est que l’on n’est pas toujours pleinement conscient d’être en train d’apprendre. »

 

Sandra Schillemans est directeur général de l’Institut de Formation de l’Administration fédérale. L’IFA propose des formations, en complément de l’offre de formations des SPF.

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