On recherche : de nouvelles compétences pour les professionnels L&D

Les professionnels de l’apprentissage et du développement ont aujourd’hui besoin de nouvelles compétences pour répondre à des attentes plus élevées et profiter des fantastiques possibilités offertes par la technologie. Clive Shepherd nous fait part de 4 changements qui ont un impact important sur l’éventail de compétences du professionnel de l’apprentissage. Un sujet auquel il a consacré une séance d’information lors du Learning Technologies Congres (1 – 2 février, Londres)

Les compétences nous rendent utiles et productifs. C’est d’elles que dépendent nos performances. Et c’est à elles que nous penserons avec fierté sur notre lit de mort.

Il peut s’agir de compétences physiques comme le tricot, la conduite automobile, la gymnastique, la pratique du violon, la cuisine, la natation ou encore la création de meubles. Il peut aussi s’agir de compétences sociales comme la capacité à mener de bonnes conversations, à s’exprimer en public, à négocier des accords ou encore à gérer les plaintes d’un client. Il peut aussi s’agir de compétences cognitives : talent d’écriture, calcul mental, capacité à réparer un appareil en panne, à résoudre des mots croisés ou encore à programmer un ordinateur. Nos compétences font de nous ce que nous sommes.

« Notre identité » change constamment. Nous développons en effet continuellement nos compétences et relevons de nouveaux défis en réaction à l’évolution du monde qui nous entoure. Il n’en va pas autrement pour les professionnels de l’apprentissage. Plus que jamais, ils ont besoin de nouvelles compétences pour répondre aux besoins croissants des collaborateurs et parties prenantes et profiter des fantastiques possibilités offertes par la technologie.

Quels changements observe-t-on ?

Les professionnels des RH et de l’apprentissage travaillent dans un monde totalement différent de la génération précédente. Voici quatre changements qui ont aujourd’hui un impact important sur l’éventail de compétences du professionnel de l’apprentissage.

Changement 1 : des faits aux processus

Le mode d’apprentissage traditionnel, dans une salle de classe ou dans le cadre d’un cours interactif, est encore fréquent. Mais cette approche souffre de nombreuses lacunes : les apprentissages sont rarement bien intégrés et risquent d’être vite oubliés.

L’apprentissage mixte, qui consiste à répartir les éléments d’apprentissage au fil du temps et à bien les intégrer dans les performances de travail, offre de bien meilleures chances de succès. Les moments d’apprentissage vont progressivement laisser la place à des processus dans lesquels la distinction entre apprentissage formel et informel s’estompera.

Changement 2 : de l’apprentissage en face à face à l’apprentissage à distance

Aucun doute sur ce point : un apprentissage en face à face peut être beaucoup plus efficace que la même expérience en ligne. Vous n’êtes pas convaincu ? Souvenez-vous de tous les grands événements musicaux, théâtraux ou sportifs auxquels vous avez assisté. J’ose parier qu’ils sont profondément ancrés dans votre mémoire.

Mais dans la pratique, personne n’a hélas le don d’ubiquité. L’apprentissage est un processus quotidien auquel il est également possible de prendre part à distance, en ligne et via des appareils mobiles.

L’apprentissage numérique demande de nouvelles compétences de la part du spécialiste du learning.

Gardons surtout à l’esprit qu’aucun professionnel ne peut être technophobe, quel que soit son domaine.

Changement 3 : de l’indépendance aux pleins pouvoirs

Autrefois, les professionnels de l’apprentissage rêvaient du moment où les collaborateurs prendraient directement en main leur développement. Désormais, les collaborateurs ont accès pratiquement partout et chaque jour à une foule d’informations. Ils se sont habitués à l’idée d’organiser leur apprentissage au moment qui leur convient, sans intervention obligatoire de l’employeur ou d’un formateur.

C’est un changement que nous avons toujours souhaité. Mais maintenant qu’il est acquis, nous ne sommes peut-être plus aussi sûrs de savoir comment le gérer. Les professionnels de l’apprentissage responsabilisés ont désormais le contrôle de leur développement. Ils attendent des solutions rapides à leurs problèmes et ne prennent pas l’avis des autres pour argent comptant. Ils prennent conscience du fait que chacun, y compris eux-mêmes, est aussi bien enseignant qu’apprenant. Les jours du « sage sur l’estrade » semblent comptés.

Changement 4 : de la simultanéité à l’époque actuelle

Au fil de l’histoire, l’homme a toujours trouvé des méthodes plus ingénieuses pour communiquer en simultané (face-à-face, téléphone, télévision et radio, Skype, conférences en ligne, etc.) et au moment de son choix (dessins, signes, e-mail, impression, cassettes, CD, téléchargements, streaming, sites web, etc.). Bien que l’enseignement et la formation aient recours aux deux options, la majorité des apprentissages se donnent encore aujourd’hui en direct et en temps réel, dans la vie professionnelle comme à l’école.

L’apprentissage en temps réel a des avantages : il est stimulant, immédiat et social. Mais cet apprentissage est difficile à organiser, rigide et plus complexe à réaliser à grande échelle. À l’heure actuelle, les outils nous permettant d’apprendre seuls au moment qui nous convient sont tellement nombreux que la balance penche plutôt de ce côté-là. Les meilleurs programmes d’apprentissage mixte contiendront toujours des contacts directs – en face à face ou en ligne –, mais généralement, les collaborateurs prendront eux-mêmes fermement les rênes de leur emploi du temps. Et cela modifie profondément les choses pour le professionnel de l’apprentissage.

Trois domaines de compétence essentiels

 

 

Les changements évoqués ci-dessus ont un impact intéressant sur l’éventail de compétences des professionnels de l’apprentissage. Certaines compétences étaient essentielles et le resteront, d’autres existent encore, mais perdent en importance, tandis que d’autres encore sont totalement nouvelles.

L’analyse qui suit définit trois domaines de compétence, qui ont chacun quatre fonctions. Ce n’est pas la méthode de catégorisation qui importe. Ce qui compte, c’est la nouvelle image du monde du professionnel de l’apprentissage. Je ne prétends nullement que chaque professionnel de l’apprentissage a besoin de toutes ces compétences. Certains sont des généralistes, et d’autres se spécialisent.

Interaction avec les parties prenantes

Ce domaine de compétence est peut-être le plus important, parce que les lacunes à ce niveau rendent les choses beaucoup plus difficiles dans les autres domaines. Nous considérons le professionnel de l’apprentissage comme un consultant fiable qui est sûr de lui et collabore avec les clients, sponsors, spécialistes et équipes de projet.

  1. Architecte

L’architecte de l’apprentissage examine la situation dans son ensemble et crée un environnement dans lequel l’apprentissage peut prospérer dans tous les contextes, qu’il soit formel, informel, à la demande ou axé sur l’expérience. Il organise la politique, les budgets, les outils et la technologie qui facilitent l’apprentissage, aussi bien de haut en bas que de bas en haut.

  1. Analyste

Lorsqu’un client demande de l’aide, vous pouvez passer en mode vente et vous préparer à prendre note de la commande. Mais la vente n’est pas votre métier, n’est-ce pas ? En tant que consultant de confiance, vous analysez la cause de chaque problème de performance et vous proposez une solution qui répond aux besoins du client. Souvent, il ne s’agit pas de celle à laquelle le client avait pensé initialement.

  1. Manager

Le lancement d’une solution sur le marché exige beaucoup de soin et d’attention. Le professionnel de l’apprentissage devra souvent assumer la fonction de gestionnaire de projet, qui rassemble un grand groupe de spécialistes afin de concevoir, développer et livrer une solution. Souvent, le professionnel de l’apprentissage assume aussi la fonction de gestionnaire du changement. Il gère avec professionnalisme les préoccupations que les parties prenantes auront assurément si vous proposez des solutions qui diffèrent de celles suggérées par le passé.

  1. Évaluateur

Le consultant n’est pas crédible à long terme s’il évalue son travail en se basant uniquement sur les apprenants satisfaits. Nous savons que nous devons aller plus loin pour que notre évaluation soit fiable. S’il faut changer les choses, nous n’avons d’autre choix que de développer fortement nos compétences professionnelles.

Interaction avec les participants

Il s’agit traditionnellement d’un domaine dans lequel les professionnels de l’apprentissage excellent. Nos anciennes compétences dans ce domaine restent importantes, mais les techniques centrées sur le formateur évoluent clairement vers les techniques centrées sur les « élèves ».

  1. Expert

Les experts qui transmettent leur savoir aux débutants jouent encore un rôle, mais ce processus sera de plus en plus absorbé par la vidéo et d’autres médias. Oui, vous aidez beaucoup vos collègues lorsque vous répondez à des questions techniques, mais ne construisez pas votre carrière sur le fait que vous êtes le premier et le seul formateur ou enseignant indispensable.

  1. Instructeur

L’instruction ne disparaît pas, que le but soit de transmettre des connaissances essentielles ou d’aider les jeunes recrues à acquérir des compétences importantes. Mais une grande partie de ce travail est désormais assurée par les logiciels interactifs qui sont de plus en plus intelligents et davantage adaptés.

  1. Facilitateur

Lorsque vous passez de l’enseignant omniscient au guide accompagnateur, vous assumez davantage un rôle de facilitateur. Ce rôle sera déjà familier pour ceux qui enseignent des soft skills, mais pour les professionnels de l’apprentissage qui sont plus habitués à répondre à des questions qu’à en poser, ce sera une étape importante.

  1. Coach

Le rôle important du coach est déjà largement reconnu. Les compétences d’un coach sont encore plus essentielles à partir du moment où les collaborateurs prennent les rênes de leur propre développement et que les processus d’apprentissage sont de plus en plus longs et plus ancrés dans le milieu de travail.

Interaction avec les médias

C’est peut-être le domaine dans lequel les professionnels de l’apprentissage se sentent le moins à l’aise. D’accord, bon nombre d’entre eux ont toujours préparé des présentations et autres guides, mais c’était avant l’ère de YouTube et de l’omniprésence actuelle du contenu numérique dans nos vies.

  1. Journaliste

Cette compétence vous surprendra peut-être et ne sera peut-être jamais largement répandue, mais certains professionnels sont d’excellents journalistes, tout du moins pour les thèmes ou les spécialités qu’ils connaissent bien. Ils tiennent un blog, interviewent des experts pour des podcasts ou font des vidéos sur des thèmes d’actualité. Quel que soit le moyen, s’ils communiquent bien, ils peuvent offrir un service extrêmement précieux.

  1. Designer

Il existe déjà des designers spécialisés en contenu d’apprentissage, que ce soit pour l’e-learning, les vidéos, les jeux ou d’autres médias. Mais ils ne sont pas encore assez nombreux pour répondre à la demande. Pour des solutions de haut niveau d’une part, mais aussi pour des solutions quotidiennes de qualité.

  1. Producteur

Vous pensez peut-être que nous entrons ici dans le royaume du véritable expert, mais toute la création graphique, toute la production audio et vidéo ainsi que tout l’e-learning ne doivent pas être développés par des spécialistes à temps plein. Si les compétences liées à la production média étaient jusqu’ici des atouts susceptibles de venir à point, elles pourraient bien devenir des compétences clés.

  1. Conservateur

Nous terminons par un rôle un peu particulier pour le professionnel de l’apprentissage. À l’image du conservateur d’un musée qui opère une sélection parmi des milliers d’œuvres en vue d’organiser une exposition pour un public spécifique, le conservateur de contenu sélectionne des informations et des personnes qui peuvent s’avérer précieuses pour les « élèves ». Il leur suggère également par où commencer.

Les compétences ne sont pas tout

 

 

 

Nous ne pouvons évidemment pas donner le meilleur de nous-mêmes qu’avec des compétences. Nos actions doivent être basées sur des recherches sérieuses et une conscience de ce qui se passe autour de nous. Oui, la connaissance a un rôle à jouer, à tout le moins celle de savoir où regarder et à qui poser des questions.

  • Principes basés sur la preuve

Nous n’avons absolument pas rendu service à nos enseignements et formateurs en les plongeant dans un tel non-sens pseudo-scientifique déguisé en théorie. Le professionnel de l’apprentissage ne peut réagir correctement que s’il dispose de preuves tangibles sur l’enseignement et l’apprentissage.

  • Les outils et technologies les plus récents

Le professionnel ne peut pas se permettre d’être technophobe. Si nous ne devons jamais nous laisser guider par les outils et la technologie, ignorer les possibilités actuelles serait toutefois de la négligence.

  • Les meilleures pratiques actuelles

Les travaux des universitaires et des chercheurs peuvent nous être très utiles, tout comme un vif intérêt pour les réussites et les échecs des autres professionnels. Observez ce qui se passe en dehors de vos propres organisations et cherchez les applications comparables ainsi que les meilleures pratiques. Cela ne pourra qu’accélérer et faciliter votre parcours.

 

 

 

Auteur : Clive Shepherd est directeur chez The More Than Blended Learning Company.

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Auteur

Audrey Van den Bempt est Product Manager des formations et des conférences dans le domaine de la sécurité, environnement et qualité et de la gestion des ressources humaines. Elle suit de près les tendances et les évolutions en la matière et conçoit sur cette base des formations axées sur la pratique, qui répondent aux besoins actuels des professionnels des RH et du HSE.

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